Mémoires scoutes – Partie 3 (suite & fin)

Unif

Salut à vous, chers lecteurs, et merci d’être un peu plus nombreux chaque jour !

Dans la lettre d’aujourd’hui, je vais vous raconter la suite et fin (au moins jusqu’à maintenant) de mon parcours scout. Si vous arrivez en cours de route, vous trouverez la première partie ici, et la deuxième ici. Je m’étais arrêtée à mon départ de la Compagnie, après avoir été assistante pendant un an puis cheftaine pendant une autre année, et après trois merveilleux camps d’été. Je raccrochais le foulard donc, parce que si ces deux années avaient été très enrichissantes sur le plan spirituel, mes études n’avaient malheureusement pas suivi le mouvement. Et il fallait que je me reprenne en main, que je trouve ce que je voulais faire. Bref, je m’apprêtais à partir en voyage pour plusieurs mois, et à mon retour je devrais reprendre mes études. Donc je mettais le scoutisme de côté, pour mieux revenir plus tard…? 

Pendant un an, j’ai donc voyagé et repris mes études avec sérieux, en me focalisant sur la réorientation que j’envisageais. J’en parle ici. J’ai réussi à obtenir l’équivalence que j’avais demandée, et je suis partie en vacances en famille avec enfin ce sentiment du travail accompli. Le scoutisme me manquait, et je ne pouvais d’ailleurs m’empêcher de penser que mes guides campaient sans moi cet été-là. Il avait été un moment question que Louise et moi campions avec elles, mais je venais de trouver du travail, et mon contrat tombait pendant le camp. Louise ne voulait pas camper sans moi. J’envisageais de m’inscrire au Feu à la rentrée. Mais j’avais peur qu’on me demande d’en être la cheftaine, étant donné que les guides aînées étaient à présent mes anciennes guides.

Et puis, au mois d’août, j’ai reçu un coup de téléphone d’une fille que je ne connaissais pas, et qui me proposait de devenir Galaxie. Pour le rappel, les galaxies sont d’anciens chefs et cheftaines qui aident ponctuellement ou durablement les membres des équipes nationales. Il y en a pour chaque branche, et on les reconnaît à leur foulard vert à liserés blancs (pour les galaxies guides). Je ne savais ni pourquoi ni comment elle avait réussi à me joindre. Je lui ai demandé des précisions, elle m’en a donné, et m’a conseillé de m’adresser à des membres de l’équipe nationale pour plus d’informations. Or, une amie que j’avais rencontré en CEP1 faisait à présent partie de l’équipe nationale, et elle m’a proposé d’en parler au téléphone. C’est ce que nous avons fait. Elle m’a convaincue, mais je voulais attendre de commencer les cours pour être sûre de pouvoir gérer les deux cette fois. J’ai finalement accepté de m’engager comme Galaxie dans la branche guide, pour un an, avec comme mission de faire partie de l’équipe du ‘Pourquoi-Pas?’, la revue bi-mensuelle des guides. Ça a commencé pour moi par un weekend de formation pour tous ceux qui travaillaient dans les revues SUF en région parisienne. C’est à ce moment-là que je me suis engagée formellement, auprès de la Commissaire nationale, et devant le Commissaire général en personne, sous la pluie, un samedi soir. Je n’ai pas réussi à retrouver le texte exact de l’engagement, mais il s’agit d’apporter son aide à la branche Guide, aux SUF, en soutenant la formation des chefs, le suivi des équipes libres, en assurant une mission dans un pôle, en étant loyale envers l’équipe et la Galaxie, et plus généralement en rendant service à mes sœurs guides. En gros. J’ai reçu un nouveau foulard, vert, couleur de la branche des 12-17 ans, à liserés blancs. Je suis revenue chez moi en me disant deux choses : 1. j’avais du pain sur la planche, beaucoup de pain ; 2. j’étais contente, je faisais partie du « national », et, à mon échelle, je pouvais œuvrer pour les guides de toute la France, ouf !

Bien sûr, cette fois j’ai fait passer mes études avant tout (c’est déjà ce que j’avais fait avant, mais peut-être pas avec autant de conviction). Ça voulait parfois dire renoncer à des activités SUF, surtout que tout ou presque se passait à Paris à présent. Mais je savais que cela faisait partie de mon engagement d’animer un CEP, et étant disponible pendant les vacances de la Toussaint, je me suis proposée de compléter une maîtrise de CEP qui commençait à désespérer. C’est comme ça que j’ai rencontré Lucile, une des filles de l’ENG (Équipe Nationale Guide). Nous avons passé du temps au téléphone avant de nous rencontrer, puisque j’ai découvert que préparer un CEP demandait autant d’implication que préparer un camp.

Ce CEP se déroulait à l’abbaye où j’avais passé mon premier pèlerinage de jeannette. Il a réveillé de vieux souvenirs. Animer un CEP était différent d’en suivre un. Mais j’ai énormément apprécié l’expérience. Beaucoup de temps pour la prière, une occasion de me replonger dans les bases, une nouvelle chance d’aider des filles à grandir (des assistantes cette fois, puisqu’on était en CEP1), une semaine à camper sous la tente… Bref, le bonheur. Et aussi l’occasion de repenser à ma propre progression. Voilà trois ans que j’avais pris mon flot jaune. Exactement au même moment, à la Toussaint, lors d’un CEP1. Tant de chemin parcouru depuis, et pourtant. J’étais trop focalisée sur la progression des guides pour me préoccuper de la mienne, sans comprendre qu’elles étaient liées. J’y ai repensé. Et j’ai décidé, encore une fois, de reprendre sérieusement le chemin de ce flot vert que j’avais tant de mal à prendre.

Comme tout CEP qui se déroule pendant les vacances de la Toussaint, il était suivi directement par les Feux de Toussaint (FdT, aussi appelé Rassemblement National des Routiers ou RNR, un weekend de trois jours dans un lieu magique pour réunir toutes les guides aînées et tous les routiers). Cette année-là, ça se déroulait à Rocamadour. C’était une première pour moi, qui n’avais jusque là jamais pu me libérer pour y participer. Pourtant, s’il y avait quelque chose que j’aimais encore plus que les rassemblements de groupe, c’était les rassemblements nationaux. Je n’y avais goûté qu’en étant cheftaine, puisqu’ils sont généralement réservés aux aînés. J’avais participé aux JN (Journées Nationales : assemblée générale du mouvement, qui est aussi l’occasion de rassembler les aînés pour un weekend riche en émotions, rencontres, enseignements, retrouvailles, temps spirituels forts, grands jeux, magnifiques veillées et j’en passe) les deux années précédentes (oui, même l’année où j’avais arrêté, parce qu’elles se déroulaient dans ma région), et j’avais adoré. Il y avait aussi eu ce week-end national organisé pour les HE, c’est-à-dire les ‘Hautes Équipes’, soit l’ensemble des CE et SE (Chefs d’Équipe et Secondes d’Équipe), ainsi que leurs maîtrises (soit leur Cheftaine de Compagnie et ses assistantes), à Puy-en-Velay, justement pendant les Feux de Toussaint, deux ans auparavant (ce qui me fait me souvenir de pourquoi je n’avais pas pu y aller cette année-là, bingo!). Mais les Feux de Toussaint, avaient une dimension plus spi que les JN. Déjà, ils se déroulent toujours dans un lieu au sens spirituel fort : Rocamadour, le Mont Saint-Michel, l’Ile de la Cité à Paris… C’était magnifique. Une digne fin pour notre CEP. J’ai retrouvé les aînés de mon ancien groupe dont mes anciennes guides, mais aussi des filles rencontrées en CEP lorsque j’étais encore cheftaine, et ç’a été l’occasion de rencontrer d’autres galaxies et équipières que je ne connaissais pas. Il y a eu des temps de prière, d’adoration, de grands rassemblements, une messe en plein air sous un soleil radieux. Je suis rentrée ravie, ressourcée, sereine.

Pendant l’année, j’ai eu du mal à remplir ma mission au sein du comité de rédaction, toujours en retard sur les délais très courts, pas toujours très sûre de mes choix, ma chef de pôle, une des équipières et la rédactrice en chef, a souvent dû passer après moi pour rectifier le tir. En janvier, je me suis rendue à l’annuel weekend ENG-Galaxie. C’était très sympa, j’ai encore rencontré de nouvelles galaxies et équipières, et fait la connaissance du nouvel aumônier de l’équipe. Le lieu était magique, un vieux château fort, il y a même eu une messe au sommet du donjon le dimanche. En plus, j’ai découvert qu’une de mes amies de CEP2 était elle aussi devenue galaxie, et en plus qu’elle vivait dans ma ville !

Et puis il y a eu la préparation de l’édition spéciale du camp de la revue. Je voulais me rattraper, donc j’y ai pas mal travaillé. Je n’ai pas pu me rendre aux JN, car j’avais trouvé un travail et il m’était impossible de me libérer tout un weekend. Je l’ai beaucoup regretté. Après ça, j’ai dû me rendre à l’évidence, j’avais aimé être galaxie, mais j’avais choisi une mission trop grande pour moi. Étant sur le point de partir en Erasmus pendant un an, j’ai souhaité arrêter, au moins durant cette année. J’avais l’impression que j’étais arrivée au bout de mon parcours scout, même si j’avais un goût d’inachevé à cause de ma progression guide aînée qui n’était pas terminée. Toutefois, en cette fin d’année, moi, qui avais passé énormément de temps à la messe (même si on n’en passe jamais assez), à l’aumônerie étudiante de ma ville, aux scouts, je faisais une sorte de rejet de ma religion, comme un trop-plein.

Malgré cela, j’avais accepté d’aider deux amies cheftaines qui manquaient d’un CEP2 pour leur camp. J’y suis allée à moitié à reculons, avec Louise qui voulait venir avec moi, mais seulement pour une semaine, car elle partait ensuite à l’étranger. Ce camp a été un peu difficile pour moi, surtout au début. Déjà, je ne connaissais pas les guides, et même si j’ai fini par les apprécier, je les comparais sans cesse à ma ‘compagnie parfaite’. Ensuite, deux semaines c’était long à tenir. Enfin, il allait encore falloir prier, aller à la messe, et j’avoue que cela était de plus en plus difficile pour moi. Je n’y arrivais pas. Mes prières étaient vides, elles sonnaient creux. Ce n’est pas que je doutais dans ma foi, c’est plutôt que je rejetais tout cela en bloc, après en avoir usé et abusé tout au long de l’année.

Après ça, je me suis dit que mon Erasmus serait l’année-test. Soit je me tournais définitivement vers autre chose à mon retour, soit j’éprouvais un manque et le besoin de continuer à progresser et à servir chez les SUF.

Nous sommes en décembre, et je me suis remise à prier régulièrement, les scouts me manquent énormément (j’avais les larmes aux yeux de ne pas pouvoir être présente aux Feux de Toussaint cette année), et vais de nouveau à la messe depuis le premier dimanche de l’Avent (et pourtant croyez-moi, la messe en Angleterre c’est pas du pudding!). Nous ne sommes qu’en décembre, et déjà, j’ai ma réponse.

feu_de_camp

 

Sur les vingt-deux ans qu’a duré ma vie jusqu’ici, j’en ai passé neuf à faire du scoutisme (sans compter les années, comme maintenant, où j’y pensais, où ça me manquait, mais où, pour une raison ou une autre, je n’étais pas inscrite, souvent parce que j’étais à l’étranger). Et je ne me suis jamais sentie autant dans mon élément, autant moi-même, que lorsque je portais l’uniforme. Le scoutisme m’a fait grandir, plus que toute autre chose. Le scoutisme m’a tant apporté, tant appris. J’ai essayé de lui donner un peu de ce que j’avais reçu, en me mettant à mon tour au service des plus jeunes, en transmettant ce que j’avais appris, mais il est impossible de rendre ne serait-ce qu’un dixième de ce qu’on a reçu, tant c’est grand. Peut-être que je ne mesure pas encore l’impact que ça a sur ma vie. J’y ai grandi bien sûr, et j’y grandis encore, j’y ai forgé des amitiés durables, j’y ai également forgé ma propre personnalité, j’y ai appris à approfondir ma foi, à la partager et à la transmettre, à faire confiance, à écouter. J’y ai appris la débrouillardise, la pédagogie, la patience et la persévérance, le discernement, mais aussi la fraternité et le partage, la loyauté, le sens de l’honneur et la fidélité. J’y ai fait pour la première fois l’expérience de la vie en communauté. J’y ai développé un amour de la nature, des choses simples et de tout ce qui est beau, mais aussi et surtout un sens du service et des responsabilités.

Je pense que sans le scoutisme je serais une personne complètement différente aujourd’hui. Le scoutisme me rend meilleure.

Je garde en mémoire de magnifiques et nombreux souvenirs, des moments de grâce mais aussi des moments simples, communs. Un grand feu qui brille dans la nuit. Recevoir la promesse d’une guide. Marcher sur les chemins de Saint Jacques, s’arrêter pour regarder le panorama, en faire un croquis, sortir un carnet et réfléchir. Une messe de groupe en plein air. Une ronde de nuit, où je devine plus que je ne vois le visage rayonnant des guides qui défilent sous mes yeux. Épauler mon amie qui s’engage au sommet d’une colline, sous le soleil basque. Une veillée d’adoration géante, avec tous les aînés à Rocamadour. Mon premier rassemblement de groupe. Faire un concours de bouquets de fleurs avec les autres jeannettes. Prendre un flot jaune en CEP, signe de mon retour aux scouts et de mon engagement sur un nouveau chemin de progression. Une grande veillée de groupe animée par les chefs. Les chants. Dire une dizaine avec quelques guides à l’oratoire du camp, un soir d’été. Une heure-feu au bord d’un étang pendant les JN. Prononcer ma promesse à la lueur des flambeaux une nuit de juillet. Une messe au sommet de la Dune du Pilat au crépuscule. Tous ces sourires.

J’attends avec impatience de lire vos réactions, par commentaires, sur Twitter ou sur la page Facebook ! Restez attentifs, un nouvel article arrivera prochainement, et je continuerai de planter le décor de mon histoire en vous présentant les personnes qui comptent dans ma vie…

Bises à vous,

(Yaaayy bientôt Noël !!)

Alma

Logo2

2 réflexions sur “Mémoires scoutes – Partie 3 (suite & fin)

  1. C’est magnifiquement dit ! Le scoutisme m’a fait grandir aussi j’ai énormément appris et reçu et maintenant…je suis cheftaine pour transmettre ça à mon tour. Si dans ce que tu racontes il y a beaucoup d’expériences qui t’appartiennent, d’autres sont communes à tous les scouts. Hé oui, une ronde de nuit, même si c’est tout les soirs, c’est un moment fort ! 😉

    J’aime

    1. Ce que tu écris me fait très plaisir! Effectivement, nous vivons tous des moments plus ou moins similaires, mais tellement forts. Bonne route à la tête de ton unité, c’est une si belle responsabilité, non ? J’en parle un peu plus en détails dans la partie 2 :). À bientôt sur le blog j’espère ! Alma

      J’aime

Laisser un commentaire